mardi 5 mars 2013

Comment je survis à mon rôle de ménagère de moins de 50 ans...brésilienne


Texte dédié à toutes les femmes sans aide ménagère, et aux femmes de ménage brésiliennes, dont je ne connais le secret pour supporter la chaleur tout en prenant soin de la maison des autres.
à Rosita.

Je vais tout simplement vous raconter ma propre histoire. Et plus spécialement, ma vie de maîtresse de maison au Brésil. Et ce n'est pas rien. C'est un vrai statut ici. En tant que femme mariée au Brésil, je ne suis pas juste "Emmanuelle" mais "Dona Emmanuelle". Je suis la "Dona da casa", la "Dona do lar", c'est à dire celle qui préside à l'organisation de la maisonnée et de la famille. Je représente la famille, je suis la garante de sa crédibilité. J'engage la réputation de mon foyer à l'extérieur.

Pour la famille, c'est facile, nous sommes deux.
Pour la maisonnée, ça va...on a un petit appart...

Et pourtant, ce n'est pas si simple. Je suis une maîtresse de maison, mais sans employée de maison: je préside aux tâches ménagères, mais je les exécute aussi. Fait rare au Brésil car la plupart des familles de classe moyenne embauche une femme de ménage qui vient une ou plusieurs fois par semaine: cette pratique est beaucoup plus répandue et acceptée socialement qu'en France et jusqu'à très récemment n'apportait qu'une faible protection juridique, sociale et salariale au employées.
En France, je faisais partie de ces privilégiés qui contribuait à la création d'emploi et de lien social, en confiant mon appartement une fois par semaine à Muriel, ma bonne fée, mon ange gardien, embauchée par une association, bénéficiant d'une assurance, de formations, de vacances...

Au Brésil, retour donc à la case départ...Alors comment donc concilier ma fonction de "Dona de casa" avec celle de fée du logis, dans ce pays où la température moyenne annuelle est de 33°?

samedi 2 mars 2013

Stéphane Hessel, un itinéraire européen

[Ce texte a été initialement publié dans une version simplifié sur le site Global Voices]

Décédé dans la nuit du 26 au 27 février 2013 à 95 ans, celui qui a traversé le XXe siècle, laissera plus qu’une trace dans l’Histoire. Stéphane Hessel a ouvert le chemin du XXIe siècle à une jeunesse désorientée à qui il a transmis expérience, force et espoir. Il s'était confié au Monde des Religions en décembre 2010:

« Nous ne sommes nous-mêmes que lorsque nous essayons de nous dépasser, lorsque nous ne nous contentons pas de l’acquis. Jusqu’où est-ce que cela nous mène ? Jusqu’à nous confronter à des valeurs, qui, elles, sont incontestables et nous surdéterminent. Elles nous donnent un sentiment d’accomplissement. Pour certains, c’est Dieu, pour d’autres la République, la justice ou la beauté ».

Stéphane Hessel parlait de la profondeur des choses avec des mots simples. Ces mots qu’il a trouvés pour parler d’espoir et d’optimisme à une génération maltraitée.  L’homme était doux, mais il mettait de l’énergie et de la force dans ses propos, dans ses colères, dans son indignation qu’il aurait dû appeler « révolte ».